128                MEMOIRES DE PIÈRRE DE LESTOILE.
excitant le peuple par gestes et paroles atroces à Ieur courir sus, et à s'en desfaire. Jusques qu'un conseiller de la cour, de mes amis, qui y estoit, me dit le len­demain, me racontant ce que dessus, qu'il l'avoit veu en telle furie, que si la presse où il estoit lui eust per­mis de sortir, qu'il s'en fust allé bien viste, de peur qu'il avoit qu'en la colère où il le voioit il ne descendist de sa chaire pour saisir quelque politique au colet, et le manger à belles dents. Il dit aussi qu'il eust voulu avoir tué et estrangle de ses deux mains ce chien de Bearnois; et que c'estoit le plus plaisant et agreable sacrifice qu'on eust sceu faire à Dieu.
Le dimanche 17 mars 1591, M. de Senlis, qui pres-choit dans Nostre-Dame, dit qu'il nous falloit avoir un roy, et que sans cela nous ne ferions jamais rien qui vaille; qu'il en faloit demander un à L)ieu, non pas heretique ni bearnois : il s'en falloit bien garder; ni aussi estranger ou hespagnol : mais un qui fust bon catholique du sang de France; et qu'il n'en: falloit point d'autre. Ce qui estonna beaucoup de gens, car on n'a-voit point encores oui teiiir aux: prédicateurs ce lao-
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